Un peu de compagnie ne fait jamais de mal à qui que ce soit [PV Hanae]

Quelques rayons de soleil venaient de me réveiller. Passant la main sur mon visage, je remarquai les quelques feuilles qui demeurèrent collées contre mes doigts. Ah… Je m’étais encore endormi à l’extérieur… Heureusement que le temps était plutôt doux et clément au septième district. Ni trop chaud, ni trop froid. Si ce n’était pas le cas, il y a belle lurette que je serais tombé malade… Enfin je savais bien que cela n’empêcherait pas Castor de me faire la morale s’il me trouvait ainsi, alors je me relevai aussitôt après avoir effectué quelques petits étirements et avoir épousseté ma pauvre soutane qui était également recouverte de feuilles et de brindilles. Le vent avait apparemment été puissant cette nuit… Y avait-il donc eu une petite tempête pendant que je reposais un peu dans le monde de Morphée ? Quoi qu’il en soit, il fallait que j’aille vérifier l’état des jardins. C’était la seule tâche dont je pouvais vraiment m’occuper, si l’on mettait de côté la participation à la messe à laquelle tous les évêques devaient assister, donc il fallait absolument que je veille sur le bien-être de ces petites plantes. De toute façon, ce n’était pas vraiment comme si c’était un poids pour moi ! J’aimais depuis toujours m’occuper des plantes. Elles étaient certainement les seuls amis qui ne me trahiraient jamais. Tant que la terre continuerait de tourner, il existerait des fleurs ou des arbres dont je pourrais m’occuper. Non, ce qui me préoccupait autant, c’était le fait qu’hier, un oisillon était tombé de son nid. J’espérais donc qu’il ne soit pas arrivé de malheur à d’autres animaux… Heureusement, il semblerait que peu de dégâts avaient été causés par la rafale de vent. Et ceux qui avaient été commis étaient loin d’être irréparables, surtout lorsque l’on pouvait contrôler les plantes… Certes, à la longue, c’était épuisant mine de rien. Il faudrait donc peut-être que j’aille boire une petite tasse de thé revigorante tout à l’heure, mais je verrais cela en temps et en heure. Pour le moment, il fallait que je m’assure que la blessure de l’oisillon soit guérie grâce à la médecine naturelle et la petite attelle que je lui avais fabriquée. La petite aile semblant pouvoir battre sans difficulté, je le ramenai à son nid, les animaux me supportant sans mal, me reconnaissant sans doute comme une partie de la nature qu’ils respectaient et dont ils avaient besoin pour vivre… Je protégeais tous les êtres composant ce jardin et en échange, les fleurs me partageaient leurs secrets… D’ailleurs, à ce sujet, elles venaient de me transmettre un message un peu inquiétant…

« Un intrus … ? » répétais-je dans un murmure, mes traits s’assombrissant un peu alors que je me retournai pour espérer apercevoir cette personne. Qui était-ce et que faisait-elle ici ? Était-ce un Kor ou un membre de l’armée qui tentaient une fois de plus de pénétrer dans l’église sans se faire remarquer ? Eh non. C’était apparemment une petite fille… Ne l’avais-je pas déjà aperçu quelque part, aux environs de l’église ? Je lui adressai donc un gentil sourire, espérant que cela la mettrait suffisamment en confiance pour venir me parler. Il fallait que je vérifie si le mal la maintenait sous son emprise et si ce n’était pas le cas, cela signifiait qu’elle s’intéressait à mes roses… Dans un cas comme dans l’autre, la conversation serait bien intéressante…

J

e n'aime pas aller me coucher, non, je déteste
ça. Je me sens toujours oppressée par la nuit, néanmoins, lorsque la Lune fait son apparition, je me
sens mieux jusqu'à m'endormir tout simplement. Il me faut du temps, encore et toujours plus de
temps. J'ai besoin de temps pour m'adapter, pour me sentir bien, ce qui, en ce moment n'est pas
vraiment gagné.
En effet, j'étais là depuis un peu plus d'une semaine, mais je ne me sentais pas comme chez moi,
juste comme une étrangère qui devrait tout simplement s'en aller pour laisser place à une personne
qui, elle, en vaudrait la peine.
Je me demande encore pourquoi je ne le fais pas... Je me demande encore si je fais confiance à
Myrem. Oui, certainement que oui, c'est pourquoi je suis toujours ici. Je l'attends, je le lui ai promis,
j'attendrais son retour dans cet endroit en sécurité, même si je ne m'y sent pas comme chez moi.
Je me sens chez moi nulle part d'ailleurs mais j'avais enfin trouvé une personne vers qui revenir,
jusqu'à ce qu'elle parte.
J'étais donc là, ne sortant que très rarement de ma chambre. Je sortais seulement pour faire un peu
plaisir aux trois soeurs, qui étaient plutôt gentilles mais aussi pas mal insistantes. M'enfin, oui je
sortais pour aller m'aérer la tête, réfléchir, beaucoup réfléchir.
Je me rendais dans deux lieux en particulier, la bibliothèque pour assouvir quelques curiosités mais
aussi les jardins si magnifiquement entretenus. Un endroit qui faisait tout simplement du bien, mais
que malheureusement je n'avais vu que deux fois. Je ne m'y était pas souvent rendue malgré une
envie assez forte parce qu'il y avait toujours une personne dans celui-ci. Je n'avais pas envie qu'elle
ne me voit, qu'elle me connaisse, même si elle m'intriguait.
J'aurai aimé connaître cette personne, qui elle est, ce qu'elle fait, pleins pleins de choses pour
apprendre à en savoir plus sur quelqu'un sans que cette même personne me pose ce genre de
questions.
Après avoir beaucoup penser, je me sentais fatiguée, j'ouvris la fenêtre de ma chambre, laissant de
fait laisser rentrer la Lune pour me dire bonsoir, puis finalement je me mis au lit.
Je m'endormais avec quelques difficultés, ayant du mal à me vider la tête pour dormir. Il le fallait
pourtant...
Le Lendemain ~
Le Soleil me réveilla doucement, m'éclairant de ses rayon lumineux et de sa douce chaleur. Je me
levais, et je m'habillais, portant une robe blanche assez longue brodée de multiples dessins noir et
or. Myrem trouvait que cette robe m'allait et c'était même lui qui me l'avait offerte. Comme pour le
garder tout près de moi j'avais revêtu cette robe. Je n'en avait pas cinquante mille mais celle-ci me
plaisait tout particulièrement.
Aucune envie de se révéler à qui que ce soit jusqu'à ce que cette personne m'ai prouvé être digne de
confiance et assez gentille.
Sans même aller prendre un petit déjeuné, je décidais de me rendre aux jardins qui m'avaient fait
rêver toute la nuit durant.
Au moins cette fois, j'étais quasiment sûre de ne croiser personne. Enfin, en théorie car il y avait
toujours une chance qu'une personne ait décidé comme ça de venir voir les fleurs, les plantes, la
nature tout simplement.
Une chance quasiment nulle, mais une chance quand même. Essayant d'échapper aux trois soeurs
qui semblaient vouloir absolument que je vienne avec elle. J'avais du courir au plus loin en
m'excusant. Je le leur redirai sûrement plus tard, mais pour le moment je voulais juste me sentir
mieux et pour cela j'avais besoin de me trouver dehors et aussi proche de la nature que possible.
Lorsque j'arrivais enfin aux jardins, la probabilité qu'il y ait quelqu'un dans les jardins aussi tôt le
matin était déjà réalisée. Je ne savais pas si je devais continuer ou alors retourner dans ma chambre.
C'était encore cette personne, c'était d'ailleurs toujours cette personne se trouvant dans les jardins.
Celle qui était entourée de mystère pour moi. Bon d'après ses habits il faisait vraisemblablement
partit de l'église, et il ressemblait, en tout cas habillement parlant, au blond et au monsieur à lunette.
Je les avaient déjà vus une ou deux fois lorsque Myrem m'avait amenée et suite pouf plus rien.
Je dois dire que je ne risquais pas beaucoup de les voir, en effet ne sortant pas de la chambre, je
n'allais pas rencontrer grand monde.
M'enfin...j'étais là, et je ne bougeais pas, regardant mon presque futur interlocuteur, si :

Réponse A : Je me bouge les fesses et je vais lui
parler.
Réponse B : Je bouge les fesses mais ne lui adresse pas
la parole.
Réponse C : Je tourne les talons et rentre
immédiatement.
Tic. Tac. Tic. Tac....
Réponse B pour commencer...
Je bougeais un peu, regardant le monsieur, il semblait moyennement gentil pour le coup, mais
pourtant en un instant son visage semblait s'illuminer un peu, le temps d'un sourire.
C'est à ce moment là que je m'arrêtais un peu, essayant de voir quelle était la meilleure façon de
faire face à une personne voulant être gentille.
Réponse A, B ou C ? Je sais pas, je sais plus du tout, c'est pas comme si j'avais réellement l'habitude
de parler avec les gens moi !
Je décidais alors de lui adresser un petit petit sourire histoire de lui répondre sans lui adresser la
parole : Réponse D = Système débrouille !
Je ne bougeais pas, essayant d'être aussi immobile qu'une statue de pierre, au moindre mouvement
suspect de ce monsieur j'étais prête à m'enfuir comme un pipillon...

La jeune fille m'observait sans bouger. J'imagine qu'elle ne me faisait pas confiance... Il faudrait donc que j'y aille en douceur si je désirais la mettre assez à l'aise pour discuter. Il paraît que créer des liens avec d'autres personnes me serait bénéfique, même si pour ma part, je n'étais pas sûr de comprendre exactement pourquoi... Enfin bref, pour en revenir au sujet qui nous intéressait vraiment, soit l'inconnue qui se trouvait dans les jardins, je ne savais toujours pas trop quoi faire. Celle-ci étant en quelque sorte figée sur place, m'excuser de m'être trouvé sur son chemin me semblait une bonne solution, même si d'un autre côté, cela me semblait aberrant puisqu'il s'agissait du seul endroit où je me sentais suffisamment à mon aisé pour y demeurer des heures et des heures... Peut-être ne serait-ce toutefois pas nécessaire, car elle venait de m'offrir un petit sourire timide, sans doute en réponse au mien. C'était un bon signe ! J'ouvris donc la bouche pour lui demander en quoi je pouvais lui être utile, sympathique et serviable comme à mon habitude, mais on ne me laissa pas l'occasion de placer un mot. Il y avait de nouveaux bruits qui venaient troubler l'atmosphère paisible de mon petit jardin... Des rires d'enfants, qui passaient sans s'arrêter, se cherchant sans doute un autre lieu pour jouer sans s'attirer les moindres réprimandes. D'un geste de la main, je demandai en silence aux fleurs de s'écarter sur leur passage, afin qu'elles ne soient pas piétinées. Ce n'était assurément pas un pouvoir commun, mais on pouvait croire qu'il s'agissait d'un pouvoir de manipulation, donc ce n'était pas grave si quelqu'un en était témoin... Toute cette scène avait néanmoins transformé mon sourire, celui-ci semblant plus triste. Lorsque l'on n'avait pas besoin de mes talents de guérisseur – que ce soit à l'aide de mon Zaïphon ou de mes connaissances des herbes médicinales – je n'étais plus qu'un fantôme en ces lieux, une ombre parmi les ombres qui vivaient au cœur des fleurs. La solitude ne me pesait pas particulièrement, mais il était parfois désolant de remarquer à quel point la nature et donc leur entourage pouvait laisser certaines personnes indifférentes... Enfin, ces détails étaient bien peu importants en ce moment. Les enfants étaient déjà presque hors de vue. Mon regard se reposa donc sur la demoiselle qui n'avait pas profité de toute cette agitation pour disparaître. Elle ne faisait donc pas partie de leur petit groupe. Que faisait-elle à l'église du septième district, dans ce cas ? Je ne me souvenais pas de l'avoir vu à l'hôpital et elle n'était pas l'une des sœurs. À son jeune âge, il serait également étonnant qu'elle soit en fuite de l'Empire. Quel mystère intriguant... Hélas, à force de la fixer ainsi, l'inévitable se produisit. Mon regard se fit plus vague, lointain et embrumé, tandis que quelques images du futur m'étaient offertes.

« Tu as de la chance petite Hanae... Un jour, tu retrouveras cette personne qui est si chère à ton cœur... » murmurais-je alors que je revenais peu à peu vers la réalité, espérant que ces mots sauraient lui transmettre un peu de réconfort, au lieu de l'effrayer comme c'était parfois le cas. Après tout, elle se demanderait sans doute comment je connaissais toutes ces informations qu'elle ne m'avait pas révélé...

Mes traits s'attristèrent davantage comme c'était le cas à chacune de mes visions, bien que celle-ci ne soit pas annonciatrice d'un malheur, ce qui était bien rare... Mais après tout, elle était tout de même douloureuse, car cela me rappelait que je ne pourrais jamais en faire de même... Je n'étais plus qu'un fantôme après tout... Il ne fallait pas se tromper, ce n'était pas de la jalousie. J'étais reconnaissant envers le Créateur et l'ancien Profe de m'avoir donné cette chance de continuer à aider autrui. J'étais juste un peu mélancolique à propos du passé... Étrange pour un prophète, n'est-ce pas ?

J

e ne bougeais pas mais ce n'était pas pour autant que j'avais impression que le temps se faisait long. En effet, d'après beaucoup de monde, lorsque l'on reste immobile on a l'impression que le temps s'arrête. C'était un peu ça, mais s'en l'être... J'étais une jeune fille contradictoire, mais en même temps non. Je ne saurai pas comment le dire, mon esprit n'étant qu'un dédale sinueux, menant souvent à une impasse, c'est-à-dire à une nouvelle question. Mon esprit était un puit sans fond de questions sur tout et sur rien. Une curiosité pure et simple.
En cet instant je voulait savoir qui était cette personne aux cheveux d'argent. Je voulais savoir d'où elle venait et surtout pourquoi était-elle toujours dans les jardins. Je ne l'avais vu nulle part d'autre malgré le peu de sorties faites. Mais par exemple j'avais vu plusieurs fois le monsieur à lunette et le monsieur au mauvais caractère alors pourquoi ce monsieur là, non ?
C'était le mystère du moment, mais je n'irai pas de moi-même, du moins pas pour le moment, pas temps que je ne me sentais pas la bienvenue.

J'avais eu plusieurs choix à faire jusqu'ici. Bon d'accord, deux... Mais ceux-ci m'avait conduit à rester immobile jusqu'à nouvel ordre. Je devais à présent jouer une nouvelle carte ou passer mon tour...

M'enfin, le monsieur semblait presque ce demander pourquoi j'étais ici. Presque jusqu'à ce que des gamins viennent troubler la paix de ce lieu si joli. Ils allaient faire du mal à la végétation lorsque celle-ci s'écarta sur leur chemin. Je regardais la scène avec stupéfaction interne. Je me demandais si c'était réel ou encore si cela avait à voir avec mon monsieur. Il était si mystérieux mais aussi si triste. Un regard presque comparable au mien. Ce qui... n'était pas rare mais inattendu.

Je me sentais comme rassurée, il était différent des autres à l'église, même s'il portait cet habit blanc. L'habit ne fait pas le moine comme on dit, ou plutôt dans ce cas précis, l'habit ne fait pas l’Évêque...

Il me regardait tristement surtout depuis qu'il m'eut adressé cette étrange phrase : « Tu as de la chance petite Hanae... Un jour, tu retrouveras cette personne qui est si chère à ton cœur... » .

Une simple petite phrase mais qui signifiait qu'il en savait long. J'aurai voulu lui adresser un petit sourire, mais je ne pouvais pas, ne voulant pas porter de l'espoir sur quelque chose d’irréel pour le moment. Myrem n'était pas encore revenu après tout. D'un espoir, aussi petit soit-il pouvait faire naître un désespoir immense...
Comment connait-il mon nom? Une idée? Aucune. Monsieur Mystérieux...

M'enfin, je pris une décision plutôt importante pour la suite... J'avançais ! Oui oui vous avez bien lu ! J'avançais vers mon monsieur floral et argenté. Il ne devait pas être très méchant après tout, pour lire en moi comme dans un livre, mais surtout pour tenter de me faire un peu de bien. Aussi bizarre soit-il qu'il sache que Myrem reviendrait.
Mais je ne m'arrêtais pas seulement près du monsieur (genre à 1 mètre), non, je le regardais les mains dans le dos et basculant sur le côté.

« La tristesse ne vous va pas. »

De simples mots prononcés sans grande émotion. Je le regardais tout simplement, je n'aimais pas que les gens soit triste pour pas grand chose, surtout qu'il venait de me faire du bien au cœur, même rien qu'un peu.

« Souriez. Il fait beau. Nous sommes dans un magnifique cadre. Pas de raison d'être triste, si ? »

Je me surpassais, je lui avait adressé la parole en second, mais surtout j'avais fait de nombreuses phrases !
Peut-être était-ce à cause des plantes, des fleurs, que je pouvais enfin me sentir mieux et ainsi pouvoir parler rien qu'un peu avec un inconnu ? Sans doute...
Le regardant toujours j'attendais une quelconque réaction de sa part, lui qui semblait si triste et pourtant si gentil. Je ne comprenais pas bien pourquoi il était devenu différent l'espace d'un instant.

J'observais Hanae tout comme elle en faisait de même, restant l'un et l'autre un peu à distance. Je me posais tout de même quelques petites questions à son sujet. Pour commencer, que faisait-elle ici ? D'habitude, les seules personnes qui passaient leurs journées aux alentours de l'église faisaient partie du personnel, s'ils n'étaient pas des enfants orphelins... Ce qui n'était pas son cas. Elle provenait du monde extérieur, celui que je ne pouvais toucher qu'à travers le regard des autres. J'étais trop étourdi et ma santé était bien trop fragile... C'était surprenant d'ailleurs, pour un 07-Ghost...

Tout perdu dans mes pensées, je ne faisais plus tellement attention au reste et à ce qui m'entourait. Mon visage et mes émotions étaient donc sûrement devenus plus lisibles que jamais... Cela expliquerait du moins la phrase qui suivit, la première phrase qu'elle me dit. Que la tristesse ne m'allait pas. Je ne sus pas quoi lui répondre. Après tout, qu'elle m'aille ou non, cela ne changeait pas le fait que la tristesse m'affligeait tous les jours. Mes visions se réalisaient toujours. Être impuissant devant une catastrophe que l'on devrait pouvoir arrêter... C'était terrible... Quoi qu'il en soit, c'était une gentille attention de sa part. Je lui offris donc un gentil sourire. Si innocente, si mignonne... Et pourtant distante, un peu froide, presque méfiante... Quel étrange mélange mystérieux. Mais il fallait toutes sortes de personnes pour faire un monde, après tout, et si elle n'avait pas envie de se révéler à moi, alors je ne pouvais la forcer... Une partie de ses paroles retint soudain mon attention. Un cadre agréable ? La surprise était de taille, au point que cela se lise peut-être sur mes traits d'ailleurs. Il était rare que l'on me dise de telles choses à propos des mes jardins... La plupart des gens s'en fichaient, se contentant d'en profiter ou alors me laissant réparer les dégâts qu'ils laissaient derrière eux... De toute façon, ce n'était pas comme si, un jour, je quitterais ces lieux...

« Ehh... Vous aimez mon jardin... ? Vraiment ? » demandais-je donc, ébahi, voulant m'assurer de sa sincérité.

Rien ne la forçait à me dire la vérité, mais cela me ferait plaisir quand même... Parfois, ne faire que discuter au calme était suffisant pour remplir une journée, surtout si cela pouvait alléger la souffrance. En général, il ne s'agissait que de celle des autres, mais en ce moment, je devais avouer que j'avais sans doute un peu besoin d'une conversation et d'un avis différents de celui des sœurs ou des autres évêques. Je l'invitai donc à me suivre jusqu'à une petite table où elle pût s'installer confortablement le temps que j'aille chercher le thé. Et puis si un problème faisait son apparition, normalement, je le saurais, et puis ce n'était pas comme si ma présence était indispensable... Pensif, je réalisai qu'elle ne me faisait peut-être pas forcément confiance. Après tout, l'habit ne fait pas le moine et il était vrai que si moi, je connaissais son identité, pour sa part, il n'en allait pas de même à mon sujet.

« Je m'appelle Labrador. » lui dis-je donc avec un petit sourire en lui tendant sa tasse.

Je ne savais pas exactement pourquoi, mais j'avais l'impression qu'elle était perdue et avait besoin d'un coup de main pour retrouver son chemin vers la lumière. Je ferais donc de mon mieux pour lui venir en aide et la faire sourire. Si cela signifiait de répondre à quelques questions en échange des miennes, pourquoi pas ?

De toi à moi...

Les plantes, les fleurs, le cadre semblaient tous m'aider à parler à cet inconnu déjà aperçu à de nombreuses reprises dans ce jardins aux milles et une couleurs ou encore dans les couloirs. Je m'étais toujours posé des questions sur lui et ce qu'il était réellement, sur le pourquoi il était toujours dans le jardin que j'appréciais tant.
J'adorais ce cadre magnifique mais aussi le sentiment de paix qui y régnait, même ci de temps à autre des jeunes gens passés par là sans y prêter attention, moi, c'était la première chose de j'avais vue. Je ne pouvais tout simplement pas passer à côté, c'était ainsi que je voyais les choses : les fleurs, les plantes, ne trahissent pas, elles sont la la plus précieuse des amies, elles vous regarde évoluer, penser mais aussi elle vous écoute. Pas besoin d'avoir de réponse, non, c'est suffisant et ça peut aider quiconque ne peut pas se confier à autrui.

Lorsque j'avais dit à ce Monsieur qu'il n'était pas la peine d'être triste surtout dans ces lieux il avait semblait très surprit. Je ne savais pas trop par quoi avant qu'il ne me demande si j'aimais SON jardin pour de vrai de vrai.

Ce fut à mon tour d'être surprise pendant un petit temps, c'était donc l'auteur de magnifique lieu ? Celui qui en prenait soin ? J'étais à la fois surprise et contente même si cela ne se voyait pas trop. Je rencontrais une personne très bien et cela j'en était certaine, rien que pour le fait qu'il s'occupe si bien de mon endroit préféré.
Comme il n'étais pas certain que je sois sincère à propos de son jardin, je décidais de lui dire exactement ce que je pensais, l'espace d'une seconde, lui laisser mon cœur ouvert avant de le refermer...

« C'est mon endroit préféré, le plus beau que j'ai jamais vu... »

Il m'invita à le suivre ce que je fis mais en le laissant me guider quelques pas en avant de plus que moi, je n'avais certes pas de raison de me méfier, mais j'étais faite ainsi, je ne lui faisais pas encore confiance. Comment le pourrais-je en échangeant deux phrase avec lui ? Je ne le connaissais que de vu alors que lui connaissait déjà mon prénom, cela aussi était toujours étrange à mon idée !

Je m'assis autour de la table, en soulevant la chaise blanche, je ne voulais pas troubler le calme de l'endroit, et puis c'était normal, même je dois avoué avoir remarqué que les jeunes gens d'aujourd'hui ne sont pas comme ça ! Ils préfèrent faire du bruit ou alors ne se soucient pas des conséquences. Pour quelques raisons que ce soit d'ailleurs... Le monsieur me tendis une tasse de thé qui sentait réellement très bon, puis me révéla enfin son identité.

« Je m'appelle Labrador. »

J'avais envie de lui dire merci, mais au lieu de le lui dire que lui adressais un petit signe de tête ainsi qu'un mini sourire « aussitôt apparut, aussitôt disparut », puis regarda la tasse de thé.
Dans ces moments là il faut dire ou faire quoi ? Le thé était encore très chaud alors je profitais simplement de son odeur gardant la tasse dans mes mains. J'essayais d'entamer une petit et simple discussion pour voir à qui réellement j'avais à faire et puis aussi pour éviter un silence pesant et lourd. Je me demandais tout de même ce que Labrador-san avait dans la tête. Il n'était pas obligé de m'inviter à boire le thé et d'ailleurs je ne sait pas ce qu'il m'a prit de le suivre, je ne sait pas.

J'avais l'impression d'être un papillon de nuit se dirigeant vers la lumière mais qui s'il s'en approche trop risque de s'y brûler les ailes. Est-ce que c'est ça ? On verra bien.
Je regardais mon interlocuteur dans les yeux avant de lui demander :

« C'est vraiment vous qui prenez soin de ce jardin ? »

Assise à ma table, la petite Hanae toute discrète n'avait toujours pas changé d'expression. Pourtant, elle avait eu l'air heureuse quand elle avait dit que le jardin de l'église était son endroit préféré... C'était la couleur de la sincérité. Il y avait donc une raison pour laquelle il était si difficile de faire apparaître son sourire. La vie l'avait blessée. J'espérais que mon thé arriverait à la calmer quelque peu. Pas pour qu'elle se confie à moi... Seulement pour qu'elle se sente mieux, apaisée. Quel dommage que le don de guérison qu'on m'avait accordé ne puisse s'étendre jusqu'au cœur et ses douleurs morales... Je n'aimais pas voir les gens attristés. Toutefois, comment pouvais-je lui venir en aide si je ne connaissais pas le cœur du problème et que je ne pouvais donc pas écouter ses soucis ? Parfois, discuter était utile pour se changer les idées, je crois, mais je n'avais jamais trop été doué dans ce domaine... Trop perdu dans mon propre monde pour comprendre les autres, sans doute. Je préférais discuter avec les fleurs la plupart du temps, en vérité, car les humains semblaient toujours être la source d'une certaine souffrance, que ce soit les uns envers les autres ou tout simplement moi... J'étais donc plutôt solitaire et non aussi extraverti que la plupart de mes frères ou mes sœurs. Il fallait cependant que je fasse un effort ! J'étais supposé pouvoir être à l'écoute des problèmes des autres pour les régler, quoi qu'il arrive... C'était là le rôle premier des 07-Ghost. Il fallait que je sorte de mes pensées pour être digne du précédent Profe. Je commençai donc par répondre à sa question.

« Vous avez bien vu ce que je peux faire, n'est-ce pas ? Quelle meilleure personne pour s'occuper de la nature que celle qui sait l'écouter... Bien que je ne puisse pas toujours rester aussi longtemps que je le voudrais à l'extérieur... »

Je lui offris un petit sourire avenant tout en lui expliquant que les fleurs avaient leur place dans bon nombre d'aspects de notre vie si nous le désirions et que nous les laissions faire. Son thé était lui même aromatisé par quelques pétales. Je portai ma tasse à mes lèvres pour en boire une gorgée puisqu'il s'était refroidi, proposant ainsi à mon invitée à en faire de même. Cela lui réchaufferait un peu le cœur. Je crois que l'on pouvait deviner pourquoi j'étais devenu Évêque; aider les autres était mon désir le plus cher. C'était d'ailleurs ce rôle qui prit le pas sur l'homme, je crois, lorsque je repris la parole, même si ma voix gardait sa chaude douceur habituelle, car il y avait plus de sérieux dans celle-ci, presque de l'assurance, si seulement je n'étais pas si rêveur.

« Dites-moi, que cherchez-vous vraiment ici, petite Hanae ... ? »

Elle n'était pas obligée de me répondre, bien sûr, mais tout cela m'intriguait un peu. Je n'avais pas l'habitude de voir des jeunes femmes de son âge demeurer aux alentours de l'Église, à part les Sœurs bien sûr... La plupart des gens s'arrêtaient ici pour faire escale puis repartaient une fois qu'ils avaient reçus la bonne parole de Dieu ou leur salut... Bien sûr, c'était toujours une bonne chose de rencontrer des personnes aimant le Créateur, mais je me demandais tout de même s'il n'y avait pas une raison particulière derrière cette aura de mystère qui entourait ma nouvelle connaissance.

Comment réagiras-tu?

Je ne buvais pas encore le thé à la si bonne odeur, celui-ci avait quelques pétales sur la surface, c'était joli et devait avoir très certainement un bon goût.
Regardant mon interlocuteur, j'attendais avec patience une réponse, je voulais le connaître mais sans forcément me dévoiler moi-même. Cela viendrait peut-être petit à petit, sinon je lui dirai seulement « bonjour », et la situation n'évoluera pas. Il m'oublierai lui aussi peu à peu jusqu'à ne plus me voir.
Lorsque l'on n'intéresse plus les gens, que l'on ne fait pas non plus d'efforts, ils se désintéressent et nous laisse, ils mettent un voile sur leurs yeux pour ne plus voir que ce qu'ils souhaitent vraiment.
Ils se bercent d'illusions qui font mal à mon cœur. Mais comment leur en vouloir ? Je ne peux tout simplement pas car c'est quelque part aussi ma faute.
Quel sera son choix ? Le mien ? Comment la situation va-t-elle évoluer ? Nous verrons bien, nous avons encore un peu de temps...

« Vous avez bien vu ce que je peux faire, n'est-ce pas ? Quelle meilleure personne pour s'occuper de la nature que celle qui sait l'écouter... Bien que je ne puisse pas toujours rester aussi longtemps que je le voudrais à l'extérieur... »

J'avais une question qui me brûlait les lèvres, elle me brûlait tellement que j'étais obligée de la poser, ma véritable personnalité revenant à la surface de mon être.

« Pourquoi ? »

Ce petit mot devait être celui que je disais le plus souvent depuis le jour de ma naissance. Ce petit mot qui caractérise si bien ma personne, curieuse bien que seule et peu approchée et approchable.

Labrador-san m'invita alors à boire une gorgée de son thé. Je sentis alors à nouveau ce thé avant de commencer à boire se délicieux nectar. C'était le meilleur thé que j'avais eu le plaisir de boire. Bien sûr je préférais un bon chocolat chaud, mais le thé était parfois réconfortant. Celui-ci en particulier, il était assez sucré, un goût unique.

« Dites-moi, que cherchez-vous vraiment ici, petite Hanae ... ? »

Je posais la tasse à nouveau, juste après avoir encore bu une gorgée, puis finalement décida de répondre sincèrement.

« C'est dans les livres, ou les jardins que je me sens le mieux. J'y recherche le calme et la vérité. »

Une petite phrase lourde de sens pour moi. Je pris une simple pause avant de reprendre de plus belle...

« Sinon, à part la recherche de la vérité, je me recherche moi-même. Et vous que recherchez vous ? Tout le monde cherche bien quelque chose, tout le monde a un but. Quel est le votre ? »

Je soufflais un peu sur mon thé avant de continuer à le siroter. Ce monsieur me faisait parler, mais comment allait-il prendre mes paroles ? Comment allait-il réagir ? C'était une véritable énigme, il était une véritable énigme en soit, une devinette, un défit que je me devais de résoudre.

Les mots étaient une arme parfois bien plus redoutable que n'importe quelle arme. Un simple petit mot pouvait parfois être si lourd de sens, révélateur de mille secrets, tout comme pouvait le revenir une question si simple... C'était sans doute la raison pour laquelle je n'avais pas vraiment répondu à celle d'Hanae, du moins, pas maintenant, pas tout de suite, lui posant plutôt ma propre question... Après tout, je n'avais pas la moindre idée de la réponse qu'elle pouvait vouloir entendre : « pourquoi » quoi, au juste ? En toute logique, elle me demandait sûrement pourquoi je ne pouvais demeurer à l'extérieur, mais on ne sait jamais et je ne voulais pas l'embêter avec des détails qui ne l'intéressaient pas... Heureusement, au lieu d'insister sur le fait que je n'avais rien dit, Hanae m'expliqua ce qu'elle recherchait le plus : le calme, la vérité et... elle-même ? En voilà une curieuse réponse : elle se trouvait juste devant moi, non ? Pourquoi se chercher alors ? La mine un peu perplexe, j'écoutai malgré tout sa question... La mienne qui m'était retournée, en fait, ni plus ni moins !

« Moi ? Je veux juste rendre les gens heureux et essayer de leur apporter un peu de paix avec mes fleurs et mes prières. Rien de bien intéressant, n'est-ce pas ? »

Je me mis à rire un peu suite à mes propres paroles, enfin, un rire un peu nerveux tout de même, me rendant bien compte que mes rêves pouvaient sembler naïfs et futiles pour certains. Évidemment, ce n'était pas la seule chose que je voulais accomplir, mais que pouvais-je dire de plus ? L'existence des 07-Ghost était un véritable secret d'état après tout... De toute façon, les deux buts étaient en quelque sorte reliés, n'est-ce pas ? En rendant les gens heureux, ils ne seraient pas victimes des Kors et alors, Verloren et ses sbires ne pourrait pas reprendre en puissance... On ne pouvait donc pas vraiment dire que je n'avais pas été honnête envers elle. Peut-être pouvais-je tout simplement répondre à la question précédente. Oui, cela me semblait une bonne idée. Cela expliquerait au moins pourquoi je ne pouvais pas vraiment être plus actif dans ma quête pour répandre la joie et la bonne humeur.

« Je n'ai pas une très bonne santé et j'ai tendance à me perdre dans mes pensées, comme vous l'avez peut-être déjà remarqué. Il vaut donc mieux que je reste près de l'église, vous voyez... »

Certains seraient attristés par la perspective d'être enfermé dans un espace si clos, sans pouvoir voir le reste du monde, et c'était parfois mon cas également, mais j'avais fini par me faire à cette idée. Je ne pouvais connaître le monde extérieur qu'à travers le regard des autres, par leur récit ou le futur que je leur voyais... Pensif, mon regard finit par se poser à nouveau sur cette charmante demoiselle.

« ... Vous reviendrez me rendre visite, dites, mademoiselle ? »

Oui, il était rare que je puisse discuter avec quelqu'un, surtout quelqu'un qui semblait apprécier les fleurs tout autant que moi, alors ce serait bien si elle revenait me voir de temps en temps... Même si bien sûr, je pourrais comprendre qu'elle préfère continuer à être seule pour mieux réfléchir et continuer ses recherches... Malgré tout, j'étais un peu triste à l'idée qu'aujourd'hui serait peut-être la dernière fois que je la verrais... Après tout, je ne pensais pas pouvoir lui être utile pour obtenir des informations, c'était Castor qui connaissait le mieux la bibliothèque, pas moi...

J'avais envie d'en savoir plus sur ce personnage intriguant. Celui-ci me répondit alors qu'il voulait rendre les personnes heureuses et leur accorder un peu de paix grâce à ses fleurs et ses prières. C'était un rêve magnifique à mon avis, et c'était dommage qu'il ne soit pas plus sûr que lui. C'était un rêve honorable et j'espérais alors qu'il puisse l'accomplir souvent souvent que possible.
Il riait un peu, j'étais sûre qu'il ne m'avais pas tout dit, simplement assez pour que l'on puisse mieux se connaître et je dois avouer que c'était déjà bien. Je commençais à l'appréciais, mais je ne le lui dirais pas, non, ceci est mon secret même si des choses dans mon comportement peuvent apparaître. Peu importe, je l'aime bien et j'adore son jardin, son magnifique jardin même ! Dommage que peu de personnes y prêtent une réelle attention. Ils sont bêtes.

« Je n'ai pas une très bonne santé et j'ai tendance à me perdre dans mes pensées, comme vous l'avez peut-être déjà remarqué. Il vaut donc mieux que je reste près de l'église, vous voyez... »

« Hmmm... »

C'était une raison logique mais bon, c'était aussi un peu triste je crois...
Ne pas pouvoir partir d'un endroit c'est comme être un oiseau en cage sans la possibilité de s'en aller. Se sentait-il triste ou encore prisonnier ? C'était des questions que je réserverai pour une prochaine fois. Car il y aurait sans doute une prochaine fois maintenant que je le connaissais un peu mieux. Plus besoin de se cacher dans un buisson pour regarder cet homme s'occuper de ses si jolies plantes et fleurs.

« ... Vous reviendrez me rendre visite, dites, mademoiselle ? »

Je regardais alors mon nouvel ami, plongeant mes yeux dans les siens, puis finis par esquisser un large sourire avant de le faire disparaître.

« Oui. Je reviendrais vous voir. C'est une promesse. »

Les promesses étaient pour moi très importantes et je faisais tout pour ne pas les rompre, jamais.
Je me levais, j'avais terminé la tasse de thé puis m'inclina auprès de Labrador-san avant de prendre congé.

« La prochaine fois, parlons un peu plus, d'accord ? Et merci encore pour le thé, il était merveilleux. »

Une nouvelle révérence et je partis, le laisser tranquille mais un chose était sûre, nous serions amenés à nous revoir. C'est une promesse après tout. ♥

» Entrez dans ma danse vous n'en sortirez jamais- Natarissa Vondem
» Un fou en ville [PV:Hanae]
» Hanae, la fleur bénie des Cieux
» Que ferez-vous de mon âme perdue? [PV Hanaé et Labrador]
» Le hasard fait parfois bien les choses [PV Frau & Minako]