Isaac Weitwolv

Cette partie n'est pas obligatoire. Ce peut être d'autres caractéristiques physiques ou au niveau du caractère. ICI

Isaac fut éduqué dans l’isolation quasi-hermétique de l’agressivité des hommes et de la bêtise humaine. Ironiquement, il naquit dans les flammes et les horreurs de la grande guerre entouré d’une couverture douillette, bercé par sa mère mourante, Joséphine. À la surface, les adversaires envoyaient des hommes à la boucherie sans se poser de questions, tandis que les innocents et les pacifistes se cachaient sous terre comme des rats s’efforçant de survivre à une extermination, au péril de se sacrifier pour protéger leur famille ou leurs amis. Ce fut le choix que Nikolaï Weitwolv décida d’appliquer pour sauver Joséphine, enceinte de huit mois.

Il l’avait installée du mieux qu’il ne pouvait dans le sous-sol presque intacte enseveli sous les décombres et nombreux débris fumés d’une habitation. Malheureusement, l’eau et la nourriture manquait presque partout et Nikolaï dû partir toutes les nuits à la recherche de provisions, peut-être de l’aide aussi, mais sachant très bien que n’importe qui tuait n’importe qui dehors, il préféra largement la recherche de nourriture pour lui, sa femme et son enfant. La tâche s’avéra très ardue, plusieurs heures à fouiller dans les décombres d’anciennes maisons et de petites boutiques, respirer perpétuellement l’air des cadavres en putréfaction, enfants comme vieillards. Mais le vieux fermier, blanc et affamé, persistait. Rentrer les mains vides était hors de question, tant que son sac ne transportait pas au moins une miche de pain. La routine dura un mois.

Puis deux problèmes majeurs frappèrent Nikolaï. Le premier fut la rareté des ressources nutritives. Il peinait à trouver une goutte d’eau parmi les ruines desséchées, et il ne leur restait que de minces provisions, assez pour tenir trois jours, tout au plus quatre. Mais le détail qui l’effrayait le plus était son enfant qui s’apprêterait à venir au monde bientôt. Bientôt. Bientôt plus de nourriture, plus d’eau et plus de fatigue, plus de pleurs, plus de victimes de la guerre. Bientôt une naissance gâchée par les humains.

Cependant, un espoir respirait encore entre les ronces de la fin. L’Église de Barsburg.

Il quitta le soir même après avoir embrassé sa femme une dernière fois. Emporta avec lui l’équivalent d’une journée de provisions. Quatre jours de marche étaient nécessaires pour arriver dans le District de Barsburg. Deux s’il ne dormait pas.

Au cinquième jour après son départ, Isaac naquit. Joséphine dû s’occuper de couper le cordon toute seule, malgré la douleur et la faim. L’accouchement fut le dernier supplice qu’elle eut à supporter avant de mourir, en serrant contre elle son poupon. Lorsqu’il sentit que sa mère ne bougeait et ne respirait plus, ses petits yeux s’humidifièrent, sa bouche s’ouvra pour pleurnicher mais aucun bruit n’en sortit. La faim martyrisait son estomac. Il ne comprend pas pourquoi sa mère reste de glace, il ne comprend pas cette douleur, son ouïe ne fonctionne pas, comme sa voix inexistante. Cette cave n’était rien d’autre qu’un utérus plus vaste, noyé par les ténèbres et le froid. Il souhaite mentalement que toute douleur cesse d’exister.

Tel un nuage noir d’orages, une main squelettique flottait à quelques centimètres du chérubin malade qui ne se doutait pas que ses émotions et désirs primales se faisaient observer d’un mauvais œil. Un rictus béat se dessina sur le visage du Kor. Bientôt, le « vœu » d’Isaac serait exaucé.

Puis pour la première fois depuis son entrée dans le nouveau monde, Isaac pu voir la lumière envahir la cave, chassant les ténèbres, et aperçu deux ombres sur le mur devant. Une créature ailée penchée au dessus de sa maman, et une grande silhouette tenant fièrement une faux dans ses mains. Il ne se souviendra uniquement de cette image, et du faisceau lumineux annihilant le Kor.

Et du visage de son héro, au sourire chaleureux et aux yeux d’azurs brillant d’espoir et de bonheur.

Aujourd’hui, Isaac est âgé de dix ans et Apprenti-Évêque. Malheureusement, il souffre de deux tristes handicaps : la surdité et le mutisme. Mais cela veut dire qu’il voit, qu’il observe, qu’il étudie les comportements des gens. Le survivant s’est très vite lié d’amitié avec les sirènes, les seuls êtres de l’Église ne pouvant communiquer que par signes.

Il n’apprit la mort de ses deux parents qu’à l’âge très jeune de six ans, lorsqu’il était apte à communiquer et comprendre. Son père fut accueillit par plusieurs Évêques, l’un n’étant nul autre que Frau. On lui annonça qu’il était au plus mal et qu’il s’effondra par terre. Il eu l’effort de sortir un papier et de supplier à gorge déployée qu’on sauve sa femme et son enfant plusieurs fois, tout en sanglotant de désespoir. Qu’il voulait mourir en sachant qu’un mince espoir respirait encore.

Isaac jura que plus jamais cela ne se reproduira. Il jura en l’honneur de ses parents de protéger la vie, l’amour et la joie des peuples. Même s’il aurait à se sacrifier à son tour.

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