feat. Yume/Meyu & Slender/Renovation
Cette journée n’avait pourtant rien d’extraordinaire. Ayant eu soudainement l’envie de m’aérer, j’avais un peu délaissée Lacie, mon unique amie à ce jour – si on omettait le clébard qui venait me baver aux pieds à chaque fois que je rentrais, même si je ne suis pas sûr de pouvoir le qualifier d’ami – pour prend mon moyen de transport aérien et vagabonder.
Où ça ? Ma foi, même moi je n’en savais rien. Là où me mènerait mon chemin ; c’est-à-dire que j’en savais foutrement rien. Mais bon, sentir le vent glisser sur la peau libre de mon visage, s’engouffrer dans ma chevelure d’argent, ça n’avait pas de prix. Je pouvais donc bien supporter un peu de ne pas avoir d’objectif pour le moment, non ? De tout façon je sentais que ça arriverait bien assez tôt, donc aucune raison de baliser inutilement.
Les mètres parcourus s’enchainaient à une vitesse folle. Je fini par apercevoir l’immensité de l’océan. J’eus comme une brise nostalgique qui m’envahit l’espace d’un tout petit instant. Toutefois je ne m’attardais pas sur ce point de détail car, le vent, encore une fois, comme le bon allié qu’il était, me fit entendre de douces notes. C’était une mélopée que je connaissais bien puisque fatalement, j’étais un ange. Hors ces paroles-ci, autrefois parlées partout autour du monde, n’étaient maintenant plus que le fossile d’une civilisation auparavant grandiose. Il n’y avait bien que quelques très rares initiés qui la parlaient, en plus de nous autre, les créatures célestes.
Curieux de savoir s’il y avait un de mes semblables dans les parages, j’ai fait pivoter mon véhicule immédiatement en direction de la mélodie. Je ne tardais pas à parvenir jusqu’à son épicentre. C’était une nana. Elle semblait plutôt mignonne, mais se cachait le visage, un peu comme si elle sanglotait.
Allons bon, une dépressive. C’était bien ma veine, pile le jour où je voulais être un peu au calme ! Enfin bon, rien que pour avoir employé mon dialecte, je ne pouvais décemment pas la laisser là, toute seule. Aussi, faisant en sorte que mon hawkzile se pose sans trop de fracas sur un rocher proche, j’en sautais pour me retrouver à mi-hauteur de la plateforme naturelle, soit, une pierre en dessous.
Le soleil frappait fort en cette journée, heureusement que j’avais mes lunettes et que mon uniforme, qui couvrait la quasi-intégralité de mon derme, ne me tenait pas trop chaud. Je me demandais si c’était mon appartenance à la race des anges qui m’apportait ces avantages. Bwarf, j’aurais l’occasion de demander à l’autre sénile là-haut la prochaine fois que je le croiserais. Même si ça ne semble pas être pour bientôt. Ah ah.
« Dis donc, c’est plutôt rare les gens qui savent causer ce langage, t’as appris ça ou, petite ? »
Ah, oui, non je n’employais pas de forme de politesse hypocrite, ça avait le don de m’énerver plus que tout, justement.
« J’sais pas qui a pu te mettre dans un état pareil, mais tu ne devrais pas pleurer inutilement, ça n’arrangera pas les choses. Au pire, tu veux que j’aille lui casser la gueule ? J’avais besoin de me défouler justement, ça tombe bien. »
Évidemment, je ne le ferais pas. Mais bon, sur le coup, c’est la seule chose qui m’est venue en tête. Je baille, un peu, mes lunettes de soleil toujours sur mon nez, bouffant la moitié de mon visage. Je croisais les bras, patient.