Ruby Chamberlain
Noble~Duchesse
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Date d'inscription : 12/11/2013
 | Sujet: VICTIMIZED, VICTIMIZED. NEVER AGAIN VICTIMIZED # Ruby ▬ End  Mar 12 Nov - 13:40 | |
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Ruby Chamberlain « Waiting for a light that never comes » Nom • Doe Chamberlain Prénom • Jeanne Ruby Surnom • L'Infante du Mal Âge • 17 ans Groupe • Noble; Duchesse Rang/Métier • Jeune Duchesse Héritière Avatar • Ruri Hijiribe de Durarara!!! | Zaiphon • Elle possède un Zaiphon Curatif, mais ne le sait pas encore Arme(s) • Aucune à proprement parler. Cela dit, elle possède un équipement tridimentionnel (à la Shingeki No Kyojin) mais ne sait pas encore s'en servir -à vrai dire elle ne sait même pas qu'elle l'a chez elle. Situation • Célibataire Orientation sexuelle • Hétérosexuelle Crédit • Zerochan, Trumblr, ect. |
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..J'ÉTAIS.. JE SUIS..
..ET JE SERAI.. Ruby. Elle a l’air froide Ruby. Elle a l’air méchante, avec ses regards ciselés et ses expressions figées dans la neutralité. Ruby c’est… Comment dire… Une personne que vous n’iriez pas voir vous-même, à cause de l’image première qu’elle vous renvoie de sa petite personne. Ne dis-t-on pas que la première impression est bien souvent la bonne lorsque l’on rencontre quelqu’un pour la première fois ? Si. Mais sachez une chose, c’est un exemple qui ne convient pas à cette petite brune. Bien au contraire même, elle est l’anti-exemple parfait de cet adage. Enfin, Ruby, elle est surtout maladroite et peu sure d’elle. Bien trop peu. Il faut dire que son vécu n’aide pas mais même. Elle pourrait faire des efforts. Elle en fait. Mais ça ne suffit jamais. Et on finit toujours par la fuir. Et elle finit à chaque fois toute seule pour le déjeuner. Encore. C’est une habitude maintenant, que de n’avoir personne avec qui discuter d’autres sujets que ses yeux rouges ou son aura si particulière.
Ruby, elle n’aime pas parler d’elle. Personne n’aime parler de soi, généralement, mais Ruby, c’est sa hantise. Parce qu’elle est terrorisée à l’idée même de défaillir, de se contredire sur l’un de ses mensonges, d’être percée à jour. Elle ne veut pas que l’on apprenne ce qu’elle était avant. Parce qu’elle déteste celle qu’elle était autrefois. Elle lutte contre cette chose qui lui colle à la peau sans pour autant y parvenir. Car elle est faible, Ruby. Elle doute trop et se pose trois mille questions à la seconde, minimum. Et c’est ce qui la fragilise, de ne pas avoir de réponses immédiates à ses interrogations, toutes plus barrées les unes que les autres.
Ruby, elle essaie de bien faire, d’aller vers les autres. Pour avoir des amis. Pour se prouver qu’elle existe. Pour chasser Jeanne Doe de sa vie définitivement. Mais ce n’est pas facile lorsque personne ne veut bien vous adresser la parole, vous savez ? Lorsque vos yeux rouges dissuadent quiconque de s’approcher à moins de quinze mètres de votre unité.
Pourtant, ils ne savent pas ce qu’ils ratent. Parce que Ruby, sous ses airs absents et sa froideur apparente, elle est très gentille. Elle ne le sait probablement pas encore, mais lorsqu’elle aime quelqu’un, c’est pour la vie. Amitié ou amour, toutes ces notions sont encore friables dans sa tête, elle ne sait pas quoi en penser. La seule chose qu’elle en connait, ce sont les résumés des livres et autres contes à l’eau de roses qu’on a pu lui lire durant sa prime enfance, à l’orphelinat.
Tiens, d’ailleurs, parlons-en, de ça. Ruby, elle est naïve. Elle ne refuserait jamais de donner un coup de main si on le lui demande explicitement, même si elle craint sa maladresse, encore une fois. De même si vous lui ordonnez demandez de s’assoir prés de vous pour un thé ou autre, elle ne fuira pas. Elle n’est pas farouche, Ruby et surtout, elle veut tellement changer qu’elle en a oublié de conserver son instinct de survie primaire. Elle suivrait n’importe qui tant qu’on lui montre un tant soit peu qu’on lui accorde un peu d’attention. Parce que Ruby, c’est bien ça ce qu’elle recherche.
Mais comme tout le monde a ses travers et ses secrets, Ruby n’échappe pas à la règle. Outre le fait d’avoir falsifié son identité pour fuir ses démons passés, la demoiselle a conservé en ses entrailles une âme très enfantine. Peut-être pas encore très joueuse – il lui faudra un peu de temps avant d’y parvenir de nouveau – mais au moins suffisamment guimauve pour qu’elle en ait honte. Parce que Ruby, elle aime le rose. Elle aime les choses sucrées. Elle aime les choses mignonnes, comme les petits lapins ou les chatons, à titre d’exemple. On ne dirait pas comme ça, a première vue, pas vrai ? Et pourtant… Elle pourrait admirer pendant des lustres un magnifique gâteau dans la vitrine d’une boulangerie rien que pour le plaisir des yeux. Mais ce serait là le seul plaisir qui s’évacuerait d’elle, car son visage resterait statique, encore.
Elle cache du mieux qu’elle peut cette part d’elle-même au plus profond de son être. Car elle a honte d’aimer une chose pareille à son âge. Vous comprenez, à dix-sept, aimer les petites fanfreluches de ce genre, ce n’est pas bien. Ça fait gamin. Et les gamins on les fuit. Comme on la fuit elle.
Ruby, elle veut être acceptée, elle veut retrouver son sourire perdu, elle veut une identité, elle ne veut pas être oubliée. Ruby, elle veut tant de choses qu’elle en oublie sûrement dans sa grande liste manuscrite qu’elle garde précieusement dans son carnet secret. C’est une sorte de journal intime, avec tous ses aveux, qu’ils soient bons ou mauvais. Elle prend grand soin de toujours l’avoir à portée de main pour qu’on ne lui dérobe pas ou qu’une tierce personne ne lise son contenu. Parce qu’il n’a pas de cadenas et que ce n’est pas pratique. C’est bien la seule chose qui pourrait faire changer l’expression de la Chamberlain, d’ailleurs. Si elle se le fait voler, alors elle retombe en enfance et redevient la petite chouineuse martyrisée qu’elle fut, avec les larmes aux yeux et les plaintes suraiguës qui s’échappent de sa gorge restée si longtemps silencieuse que ça lui fait du mal. Et inversement, si vous venez à lui rendre son trésor, vous saurez qu’elle est heureuse même si elle ne prononce aucun syllabe.
Elle est comme ça, Ruby. Il faut juste savoir s’arrêter deux minutes pour la comprendre et ne pas fuir.
Autrement, Ruby elle a quelques talents, dont un dont nous parlerons dans la description physique. Elle cuisine admirablement bien, Ruby. Avec elle, un simple soufflé aux poireaux devient un festin de Roi. Dieu seul sait comment elle se débrouille mais le résultat est toujours là. Sans jamais discontinuer. Qui sait, peut-être un jour vous fera-t-elle goûter également, si vous parvenez à l’approcher sans la blesser.
Malgré son blindage contre l’adversité et sa tête de diable, Ruby est aussi une fine stratège... Pour peu qu’on lui laisse le temps de se concentrer. En effet, elle a développé au fil des années, une particularité qui effraie au moins autant qu’elle intrigue. Lorsqu’elle se met à réfléchir sérieusement, elle se coupe du monde et n’entend plus rien autour d’elle. Elle réfléchit. Et c’est savamment qu’elle ressort presque à chaque fois avec une théorie viable qui vaut le coup d’être, sinon adoptée, au moins testée. Car Ruby est intelligente et brillante.
C’est dommage qu’elle ait une si mauvaise réputation, en fait. Tout ça pour un sourire.
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..IL ETAIT UNE FOIS..
..IL Y A BIEN LONGTEMPS.. C’est bête, parfois, l’humour merdique que peut avoir une paire d’allèles ne sachant que faire de ses centaines de milliers de chromosomes, pas vrai ? Regardez, nous en avons la preuve vivante, juste là, sous nos yeux égarés.
Cette gamine avait tout pour être heureuse. Ou plutôt, elle aurait dû tout avoir pour ça. Mais la vie, cette garce de vie, en a décidé autrement. Un coup d’œil rapide sur ses géniteurs. Son père était un magnat des affaires, un slave connu tant de nom que de prestige. Qui n’avait jamais entendu parlé d’Aleksandr Nicolaehvic, après tout ? Un fort bel homme, en plus de ça.
Grand, charismatique, des yeux clairs comme le ciel et une tignasse blonde platine. Il avait tout pour plaire et son commerce était plus que prospère puisqu’il possédait des succursales un peu partout autour du globe.
Et attention, il n’y a pas qu’avec sa stature qu’il faisait des envieux. Il y avait sa situation maritale, également. En effet, à ses côtés se tenait une femme splendide, telle une nymphe dont il serait totalement interdit de se délecter. Son prénom ? Kielo. Elle n’avait pas de nom de famille à proprement parler car, née dans une ruelle d’une nation nordique, nul n’avait jamais pris le temps de s’arrêter suffisamment longtemps sur son cas pour lui offrir une identité. Jamais. Aussi, lorsqu’elle rencontra Aleksandr, celui qui la prendrait sous peu pour épouse une fois leur enfant né, elle tomba immédiatement sous le charme et ne put être plus comblée que lorsqu’il lui avoua lui aussi ses sentiments.
La famille de Monsieur refoula toujours cette union, en revanche, mettant en avant le fait qu’il était un grand noble et elle une simple fille des rues. Mais il n’en avait que faire, il l’aimait et qu’importe ce que ses proches pouvaient penser, il était convaincu qu’elle filerait à ses côtés le parfait amour. Et ce fut le cas. Jusqu’à l’accouchement.
Nous sommes loin des scènes dramatiques en plein orage ou au cœur d’une sécheresse trop marquée. L’enfant naquit vite et bien, un soir de novembre, alors que sa superbe mère blonde aux yeux clairs fournissait des efforts colossaux pour lui permettre d’accéder au monde extérieur depuis ses chaudes entrailles.
Et le charme se brisa.
Contrairement à ce qui aurait pu être imaginé, le bébé ouvrit d’immense yeux rouges sur le nouvel univers qui s’offrait à lui alors. Sur sa tête pointait déjà, fébrilement, une touffe de cheveux sombres. Personne ne comprit, Kielo la première. Et c’est pourtant sur elle que les soupçons se portèrent immédiatement. Elle aurait donc eu une aventure extra-conjugale ayant engendré cette maudite créature ? La jeune accouchée fondit en larmes en marmonnant des prières au Seigneur. Elle ne comprenait pas. Et ce fut encore pire lorsqu’Aleksandr entra à son tour dans la pièce pour s’enquérir de l’état de santé de sa compagne et de son enfant.
La surprise fut de taille, pour lui aussi. Son sourire fondit instantanément lorsque ses agapes saphirs se posèrent sur le corps frémissant de cette chose tout juste extraite de la chair de Kielo. Et si cet homme avait un défaut majeur, c’était celui d’être facilement influençable. Enfin, lorsqu’il était désemparé cela va de soi. Aussi, les pensées noires s’échelonnèrent à grande vitesse dans son esprit maintenant détraqué. Sa douce amante l’avait donc trompé ? Ce fut ce qui lui semblât le plus logique. Mais c’était faux.
En effet, personne n’avait songé a la possibilité qu’un ancêtre d’un des deux tourtereaux ait pu arborer une pareille apparence. Non, personne n’en eut l’intelligence. Et ce fut fatal à ce noyau familial, étouffé dans l’œuf.
Kielo fut presque immédiatement jeté dehors par son conjoint avec la consigne de disparaitre avec son enfant adultère. Et aucun des hurlements qu’elle poussa pour tenter de se défendre n’eut d’accroche à l’esprit d’Aleksandr qui lui ferma la porte au nez, la laissant dans le froid mordant de cette fin d’année. Elle pleura, encore et encore, à bout de force, un poupon dans ses bras.
Mais elle n’était pas pour autant dénuée d’intelligence et sut qu’il fallait qu’elle se trouve un abri au plus vite pour ne pas périr bêtement.
Pendant les premières semaines de son exil, elle chérissait sa fille, qu’elle baptisa tendrement Jaana. Mais, plus le temps et les paysages défilaient devant les yeux de la jeune mère, et plus la haine contre sa propre chair se vulgarisa. Jusqu’à ce que tout implose, inéluctablement. Après un long voyage, jusqu’à arriver d’une façon totalement aléatoire dans une ville peuplée, Kielo alla marteler la porte d’une église et, avant même que la sœur venue lui ouvrir ne put dire quoi que ce soit, elle lui colla sa fille dans les bras avant d’hurler dans sa langue maternelle :
« Je ne veux plus assumer ce monstre ! Tuez le si cela vous chante mais je ne veux plus en entendre parler ! »
Évidemment, la pauvre femme d’église ne comprit rien et ne parvint pas à l’arrêter dans sa fuite désespérée qui se solda par une mort au détour d’une rue passante. En effet, ayant déboulée au milieu de la rue telle une folle furieuse et possédée, elle effraya les chevaux trainant une calèche luxueuse et, avant même d’avoir pu faire quoi que ce soit, se fit piétiner par ces puissants équidés. Le cocher arriva trop tard pour la carcasse sanguinolente qui provoqua cris et stupeur dans la foule.
Quant au bébé ? Recueilli tristement par le couvent où Kielo l’avait abandonné – comme quoi elle n’avait pas si mauvais fond – on l’a baptisée Jeanne Doe.
Car c’était l’identité que l’on donnait à ceux qui n’en avait pas. Un nom par défaut.
""Je suis désolée d'être vivante" est devenue ma phrase courante. Mon existence dénuée de sens, n'est remplie que de désespérance. Tous les habitants de mon pays, naquirent avec des yeux magnifiques. Mais moi j'en suis tout à fait différente, seule avec des orbes carmins. Loin au fond de la forêt, en secret, se trouve un arbre millénaire. J'y vais tous les jours par moi-même, pour y prier et effacer ma peine. Continuer de vivre en solitude, est une chose bien mélancolique. Tout ce que je demande au ciel, est d'avoir au moins une fois un seul ami."
Blanche, remaniée pour Ruby ▬ Vocaloid
C’est entre les murs défraichis par les nombreuses années s’y étant succédées que Ruby vécut son enfance sous son nom donné par les gens de l’Église ; Jeanne Doe.
Très jeune, elle avait compris que ce patronyme n’était pas celui que ses géniteurs avaient pu lui donner. Mais elle avait été abandonnée par sa mère, laissée là, comme un poids. Lucide bien trop jeune, son cœur souffrit longtemps le martyr et ce, pour bien des raisons.
Elle n’était pas aimée. Pas du tout, même. Sa peau presque translucide, ses cheveux noirs et ses yeux rouges lui donnaient l’aspect d’un démon et rapidement, elle devint le bouc émissaire de tous les morveux de l’orphelinat subventionné par l’église toute proche. Ses cheveux, longs lorsqu’elle eut six ans, devinrent par la magie de quelques coups de ciseaux barbares, juste assez longs pour cacher le haut de ses oreilles. Les gamins n’aimaient pas qu’elle soit si jolie. Ça lui était interdit. Entre ça et les coups à répétition, elle en a passé, des jours entiers alitée, la petite.
Et pendant tout ce temps, elle essayait de se construire une image de sa mère. Celle qu’elle était censée avoir. Celle qui l’avait abandonné. Oui, elle était peut-être démoniaque, comme se plaisaient à le répéter sans arrêt les enfants de son âge qu’elle côtoyait, elle n’était pas arrivée sur terre par l’intervention du Saint Esprit. Lui ne l’aimait pas, de toute manière, pour lui avoir destiné une telle vie. Alors, par défaut, elle imaginait ressembler à sa génitrice. Puisque personne ne lui avait jamais donné d’informations sur l’apparence de sa pauvre maman, elle se créait sa propre image d’elle, comme un puzzle.
De beaux et longs cheveux sombres, comme les siens. Et des yeux… Oh oui, des yeux rouges qui suscitaient la jalousie de par leur beauté, et non du dégout. La petite Jeanne de l’époque aimait s’endormir en pensant qu’un jour, une personne pareille viendrait la chercher en s’excusant d’avoir agi de la sorte. Elle rêvait qu’on l’arrache à cette vie misérable, à cette mascarade privative. À tout.
Et ce fut presque le cas.
Lorsque la petite eut dix ans, l’Église ferma ses portes par manque de don. Et de facto, l’orphelinat également. Et c’est le visage défiguré par les larmes que Sœur Danielle dût emmener les enfants en ville et leur annoncer qu’à présent, ils devaient se débrouiller tout seul.
On l’abandonnait, encore.
Mais pour une fois, son ange-gardien daigna faire quelque chose de bien pour elle. La petite n’avait pas voulu suivre ses « camarades » qui s’étaient tous dirigés, plus ou moins à l’unisson, vers une direction aléatoire, conduit par leurs ainés de quinze et seize ans. Non, elle avait disparu dans la foule, avec sa seule possession, son ruban. C’était la chose la plus précieuse qu’elle avait alors forcément, les soins qui étaient apportés à ce bout de tissu étaient on ne peut plus précautionneux. Elle l'avait trouvé tout prés de l'arbre prés duquel elle allait régulièrement prier, inlassablement, durant toutes ces années. Alors, forcément, agrippée à l'idée que ce morceau de tissu pouvait être un cadeau de ce tronc millénaire, elle s'en était amouraché, ne cherchant pas à percer le voile de mystère qui étreignait alors cette chose sans vie.
Puis, comme si le destin en avait décidé ainsi, la fillette heurta une tierce personne, ne regardant pas où elle allait. Heureusement, elle ne trébucha pas et ne se blessa pas. Elle avait déjà horreur du sang, de la vue que cette chose lui procurait. Levant les yeux au point de devoir presque immédiatement les refermer à cause de l’aveuglant soleil, elle ne put empêcher quelques gouttes de tomber de ses yeux carmins.
Et un rire coupa net tout ce qui pouvait se passer aux alentours. Il était… Doux. Extrêmement doux et chaleureux. C’était comme une mélopée d’une énergie que l’enfant n’en avait encore jamais ouïe. Et l’attraction provoquée sur sa petite personne fut immédiate.
« Et bien alors ma petite, tu es toute seule ? Tu as perdu ta maman ? »
Le regard de la brunette put enfin discerner l’âme qui venait de lui adresser la parole. C’était une dame d’apparence très âgée, mais dont il émanait une aura tout bonnement rassurante. L’espace d’un instant, le cœur de l’orpheline rata un battement, la plongeant presque dans un état second.
Béatement, elle bougea sa tête de haut en bas, pour répondre d’une manière ou d’une autre à la question qu’on venait de lui poser. La vieille dame laissa échapper un rire clair, encore, de sa gorge. Puis, la prenant délicatement dans ses bras, elle lui posa mille et une questions auxquelles elle s’efforçait de répondre au mieux. C’était étrange comme elle se sentait bien en compagnie de cette âme-ci. Elle ressentait un sentiment bien différent que lorsqu’elle était à l’orphelinat, c’était certain.
Elle laissa l’octogénaire parcourir les rues avec elle pendant une heure, ou peut-être deux, avant d’avouer son absence de parenté. La dame, ayant dit plus haut se nommer Adèle Chamberlain, afficha un faciès si triste que la petite eut de nouveau envie de pleurer. Toutefois, c’est non sans curiosité que la gamine observa la vieille femme continuer ses questions un bon moment. D’où venait-elle ? Elle ne le savait pas. Ou étaient ses camarades orphelins ? Elle ne le savait pas. Qui était-elle ? Elle le savait mais ne voulait pas le dire. Alors elle mentit. De ses lèvres sortie le prénom Ruby, comme ça, juste histoire de se sortir d’affaire pour une poignée de minutes. Elle ne pensait pas que ceci déterminerait le cours de sa vie toute entière à présent.
Se laissant emmener au gré des volontés de la personne qu’elle connaissait à peine, la petite menteuse vit bientôt devant elle s’étaler une somptueuse propriété. Elle se fit bien vite expliquer, par les soins d’Adèle, que c’était là que résidait la vieille personne, sans compagnie aucune. Et de fil en aiguille, Ruby délia ses lèvres. Ou plutôt, Jeanne se tut et Ruby naquit. Milady Chamberlain n’avait ni enfant ni mari et vivait recluse du reste du monde presque en permanence, ne sortant qu’en de rares occasions, lorsque le soleil se faisait clément. Sans doute était-ce là un signe du destin.
La fillette se dit alors qu’elle avait enfin trouvé une famille, un lieu dans lequel elle se sentirait bien. Elle ne demandait pas une apothéose de relations, juste une personne avec qui discuter et se sentir normale. Ce fut la seule et unique fois de sa vie qu’elle se sentit autant en sécurité.
La dame l’adopta, faisant d’elle sa petite fille par adoption, ainsi que son unique héritière. Il fallut un temps, à Ruby, pour s'habituer à sa nouvelle vie. Maintenant à ses pieds se trouvaient de confortables chaussons fourrés lorsqu’elle avait froid. Son assiette était toujours remplie et elle n’avait pas à craindre le vol, ici, au moins. Les deux ans qui suivirent l’adoption lui permirent de se découvrir des passions et des talents. Elle apprit à jouer du violon et du pandeiro, travailla sa cuisine ainsi que sa voix, car la particularité qu’elle possédait lui permettait bien des atrocités.
Mais arrêtons là les longs descriptifs de bonheur partagé. Il ne sert à rien d’enfoncer davantage le couteau dans la plaie béante du cœur de la demoiselle. Car par la suite, elle se retrouva de nouvelle seule.
« Tout mon monde, tout mon monde, anéanti à jamais. Hormis moi seule ayant les yeux rouges. Pourquoi en est-il ainsi ? J’aurais dû mourir aussi ! Pourquoi ne puis-je lui avoir donné ma vie ?... »
Blanche, remaniée pour Ruby ▬ Vocaloid
Dame Adèle tomba gravement malade, d’une maladie encore inconnue et qui l’emporta dans la tombe en moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire. Et Ruby se retrouva seule, encore. On l’avait abandonnée, encore. Elle avait douze ans, presque treize. Elle n’était même pas encore tout à fait adolescente mais possédait un sens de l’autonomie bien ancré. Heureusement qu’il y avait Alfred, le majordome, pour lui tenir un peu compagnie.
Mais ce n’était pas pareil. Il y avait toujours ce vide, dans cette maison trop grande pour elle. Un retour à la case départ, douloureusement. À part le contexte, tout se rapprochait de sa vie d’antan. L’orphelinat et tout le reste. Son cœur se ferma, encore un peu plus.
Peu de temps après être devenue officiellement Ruby Chamberlain, elle avait été inscrite sous ce nom à une prestigieuse école, d’ordinaire réservée aux nobles de naissance. Non pas qu’elle ne l’était pas, mais ça, personne ne le savait. Heureusement, avec un peu d’argent, tout passe bien mieux. Elle intégra l’institut, sa « grand-mère » désirant faire d’elle une personne d’exception. Mais elle restait bien seule malgré tout. Il n’y avait bien que cela pour ternir un peu la morosité de ses journées une fois que Dame Adèle ne fut plus à ses côtés. Elle ne sortait que peu, et s’isolait souvent, car on avait encore peur de ce qu’elle était. Une Infante du Mal, aux yeux trop rouges pour être innocente.
Mais qu’avait-elle fait pour mériter une chose pareille ? Pour être ainsi asphyxiée par les ténèbres ?
Quand retrouvera-t-elle le sourire ? Quand trouvera-t-elle une famille, enfin ?
Voici le genre de questions qui la tourmente encore aujourd’hui, alors que sa culpabilité à propos de Dame Adèle commence tout juste à s’effriter, non sans échecs répétés.
Elle a aujourd’hui dix-sept ans. Qui viendra la tirer de sa torpeur presque permanente ?
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Dernière édition par Ruby Chamberlain le Mar 12 Nov - 17:50, édité 2 fois | |
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