Lumière Noire { RP DE GROUPE.

Oh, mais alors, Slender, que se passe-t-il, tout à coup ? Ton cœur bat vite, si vite. Ton sang virevolte dans tes veines claires, qui ressortent de ton derme cadavérique. Tout le monde semble presque sur le pied de guerre, et tout ça par ta faute, pour ne pas changer. Pourtant, cette fois, c’est justifié, pas vrai ? Il y a une réelle bonne raison à ce que tu cours à en perdre le peu de souffle que tu ne possèdes pas à travers les couloirs de la grande église, ta prison chaste. Tes suivants t’appellent, inquiets de ce qui pourrait t’arriver si tu continuais à maintenir ce rythme effréné sans plus penser aux conséquences qu’il pourrait avoir sur ton anatomie par la suite.

Tes yeux te piquent forts, si fort. Et ton estomac se noue, en même temps que ta gorge. La peur s’infuse dans le moindre de tes muscles, c’en est terriblement douloureux, à force. Mais tu ne dis rien, pauvre imbécile, comme d’habitude. Tu connais bien la souffrance, tu ne stopperas donc pas ta course folle pour les beau yeux de cette chimère, cette harpie qui ne t’as, jusque-là, jamais épargné une seule fois au court de ta triste vie vide de sens. Tes os s’entrechoquent toujours plus fort, à mesure que tu t’enfonces vers l’une des Tours de ce lieu saint. Prends garde, Majesté, tu pourrais y rester avant même d’avoir pu délivrer ton ordre sacré. Ce serait regrettable, n’est-ce pas ?

Enfin, tu parviens jusqu’au Chargé de la surveillance. Il semble lui aussi sur le qui-vive, mais, en bon professionnel, il n’a pas quitté son poste, quand bien même ce fut sans aucun doute très tentant pour son côté curieux qui fait tant sa réputation d’aventurier. Malgré tout, en te voyant arriver, en t’entendant haleter tel un grand sportif qui toucherait presque le point de non-retour, il reste droit comme un « i », faisant ainsi la fierté de ses camarades. Tu t’arrêtes devant lui, ne lui prêtant pas plus d’attention que nécessaire. Plus petit qu’il ne l’est lui, tu dois lever la tête pour que tes paroles puissent l’atteindre sans être trop parasitées par ta respiration très saccadée.

« Convoquez les personnes suivantes immédiatement et informez les qu’elles doivent me retrouver immédiatement devant la porte principale, je les y attends. C’est une urgence. »

Tu délivres maintenant les noms de tous les Ghost, sans pour autant trop en dire. Après tout, ceci doit rester secret, peu importe le prix à payer. Si toi tu as pu jouir de la possibilité de les voir, cela t’as couté très cher et ce, bien même avant ta naissance. Mais ne tarissons pas d’éloges faux sur un fait passé. Il faut avancer, coûte que coûte. Maintenant, tu fais demi-tour, il te reste encore une chose à accomplir avant de descendre vers l’endroit que tu as indiqué précédemment pour un meeting de folie. Teito Klein. Tu dois le trouver. Tu es presque sûr que c’est après lui que l’on en a, encore. Ça ne peut pas être toi, tu n’as aucune valeur hors des murs de ta ville sainte, soyons francs.

Alors, tes pas te guident jusqu’à l’endroit où les sœurs t’ont dit l’avoir vu pour la dernière fois. Il fait chaud, si chaud. Ta longue écharpe rouge te donne la sensation de s’enrouler toujours plus autour de ton cou, comme pour t’étrangler. A moins que tu n’hallucines, encore ? Ce ne serait pas impossible, en y réfléchissant bien. Tu trembles. Non, rectification, tout ton corps tremble. Pathétique. Oui, Slender, tu es pathétique, même aujourd’hui. Oh, bien sûr tu dévoile des trésors de force et de ressources jusque-là inexploitées, mais regarde dans l’état dans lequel ça te met. N’as-tu pas honte de ta propre faiblesse en cet instant ? A part être un poids mort pour tes amis, est-ce que cela va te servir réellement à quelque chose, de faire tout ça ? Même toi, tu n’en sais rien, mais tu avances quand même. Parce que tu sens qu’un virage de ton destin va s’ouvrir maintenant. Et tu ne pourrais manquer cela pour rien au monde, puisque ce genre d’occasion n’a bel et bien lieu qu’une seule et unique fois dans toute une vie. A toi de la saisir, maintenant.

Vingt-quatre ans que tu attends ça. Mais pour le moment, l’angoisse l’emporte sur tout autre sentiment possible.

Enfin, tu te tiens devant le jeune homme. Il ne semble pas très à l’aise non plus et ça se comprend. Tu donnes l’impression d’être un dangereux psychopathe, derrière ton masque de renard, là, tu le sais ? Mais tu ne veux pas te perdre en palabres inutiles. Deux gardes impériaux se tiennent à tes côtés. En te voyant cavaler plus qu’à l’accoutumée, ils sont venus voir ce qui se tramait, de leur propre initiative. Ils ont eu raison, ça te facilite un peu la tâche, il faut le dire.

Tes mains fragiles et maladives se posent sur les épaules de ton adolescent d’ami. Tu essais de sourire, bien que derrière ta garnison de bois, cela ne se voit guère. Tu lui dis que les prochaines heures vont être décisives, mais qu’il va aussi te falloir le mettre à l’abri et qu’il n’en bouge pas. Il semble réceptif à tes paroles, mais vu son tempérament, cela doit sans doute être dû au fait qu’il soit pas mal sonné, pour le moment. Ce n’est pas grave, tu en profites quand même. Tu t’empares de l’un des poignards possédés par l’un des gardes et entame une prière. L’objet brille un instant et tout redevient normal, comme si rien ne s’était passé. Tu viens de le bénir. Désormais, tant que Teito le gardera sur lui, nul ne saurait poser sa main sur lui. L’artefact est maintenant imbibé d’un pouvoir semblable au tien, pouvant ainsi ériger une barrière puissante et impénétrable autour de son porteur. Comme toi mais en moins puissante.

Est-ce que tu te rends seulement compte de ce que tu viens de faire, Slender ? C’est de la folie pure, tout ça. Tu sens que ton cœur rate quelques battements. Tu lui en demande bien trop. D’ailleurs, tu crache du sang, qui coule depuis le menton de ton masque. Magnifique effet pré-mortem, il n’y a pas à dire. Le jeune Klein a peur, ça se lit dans son regard. Tu ne peux lui en vouloir, mais tu souhaiterais lui épargner tout ça. Alors, dans un geste presque chevaleresque, tu te redresse autant que faire se peut, empoigne ton écharpe, l’ôte de son propre cou et lui dépose délicatement sur ses épaules encore innocentes. Tu lui promets maintenant que les Gardiens du Seigneur veilleront sur lui, même s’il venait à t’arriver quelque chose. Il ne comprend pas, mais tu n’as plus de temps à perdre, maintenant. Tu ordonnes aux gardes qu’ils l’emmènent dans tes appartements et qu’ils l’y barricadent. C’est encore, au sein de l’église, l’endroit le plus sûr, pour le moment.

Et ta course reprend. Tu sens le sang battre tes tempes, mais rien n’y fait, ta fougue naissante ne semble pas vouloir désemplir, bien au contraire. C’est étrange, cette sensation. Tu ne t’es jamais senti à la fois aussi vivant et aussi prêt de mourir. Tu ne saurais mettre un mot sur cette impression, c’est trop étrange, même pour toi. C’est inédit, mais dans un sens, même si tu n’en saisis pas encore tout, tu penses pouvoir apprécier tout ça, dès que le tumulte prendra fin. Si un jour il prend fin, cela dit.
Il te reste un endroit à visiter avant de rejoindre la grande porte. La grande fontaine. Enfin, ce qui t’intéresse plutôt, c’est son réseau souterrain ainsi que son occupante principale ; Raizette. Holà, Slender, ou veux-tu en venir à la fin ? Qu’est-ce que cette sirène peut t’apporter ? Tu as un plan derrière la tête, il serait intéressant de savoir de quoi il s’agit. Le temps que tu rallie la grande construction d’eau, tu as manqué de déverser tes poumons en entier presque trois fois. Tu es fou, Kinder III, complétement fou. Mais si impliqué dans ta destinée en même temps, ça en devient grisant, tu le sais ça ? Pour une fois que tu fais quelque chose de concret, je ne manquerais cela pour rien au monde.

Tu t’appuis avec bien des difficultés sur le rebord et laisse le liquide te renvoyer ton reflet. Ou plutôt le jumeau de ton masque, dont il s’écoule quelques gouttes rougeâtres au niveau des yeux. Oui, tu pleures. Il fallait bien que ça arrive à un moment ou un autre, ne joue pas l’étonné, ça ne te vas pas du tout. Tu en appelles à la sirène, en lui demandant de se tenir prête à vous soutenir, comme il lui sera possible de le faire, en cas de besoin. Tu ne l’as vois pas, mais tu sais qu’elle peut t’entendre, Castor te l’a déjà dit par le passé. Et puis, qui sait, peut-être qu’elle aussi possède des ressources cachées dont on ignore tout. Aujourd’hui est le moment idéal pour tout dévoiler à l’adversaire.

Tu tombes à genoux, peinant à respirer de nouveau. Mais au fait, qui est-il, celui que tu crains tant en cet instant ou le soleil cogne pourtant si fort ? Enfaite, toi-même tu ne le sais pas encore. Dieu t’a parlé. Enfin, c’est que tu crois dur comme fer. Voici quelques jours que tu ne parvenais plus à trouver le sommeil. Et dès que tu t’endormais, c’était irrémédiablement pour cauchemarder de la plus atroce des manières. Jusqu’à ton réveil récent. Tu as ouverts les yeux avec cette poisseuse sensation d’angoisse constante. Comme si quelque chose d’horrible allait arriver, maintenant. Alors tu n’avais pas réfléchis et tu t’étais lever sur le pied de guerre. Les images que tu conserves encore de tes cauchemars te hérissent toujours le poil. C’est affreux, tu ne peux pas laisser une telle tragédie arriver. Alors tu prends les choses en main, pour une fois. C’est la première fois que tu ne reçois pas d’ordre de la part de ceux « d’en haut ». Tu sais, ceux qui peuvent faire de toi ce que ton leur semble.

Tes jambes flageolent mais c’est vaillamment que tu te relèves, encore et encore. Enfin, les portes s’ouvrent et confirment tes craintes. La terreur vient rejoindre sa concubine l’angoisse dans tes artères. Tu sais que tu as bien peu de chances de l’emporter. Surtout que, découvert de la sorte, tu ferais une cible parfaite et toute désignée pour le premier tireur venu. Malgré tout, il n’en est pas moins que tu possèdes une force qui t’es propre. Tu es le plus proche frère de Dieu sur cette terre, ce qui t’offre quelques avantages notoires. Tu vois rouge, dans le sens propre du terme. Et ton masque te gêne. Alors, tu le retire et le jettes sur le seul, toisant les nouveaux arrivants de toute ta hargne et ta petitesse. On ne t’avait, auparavant, jamais vu avec un regard si déterminé. Profites en bien, Slender, cela pourrait bien être le dernier.

Sur ton visage, de grandes traces rougeâtres. Et ton pouvoir s’exalte maintenant. Qu’ils essaient d’approcher, tu ne les laisseras pas faire. La barrière invisible prend place tout autour de l’église. Tu es prêt à te bruler l’âme pour parvenir à tes fins, aujourd’hui. Tu fermes un instant les paupières pour réciter psaumes et prières salvatrices, bientôt aidé par les sœurs, qui t’assistent d’aussi loin qu’il leur est permit de le faire. Te voilà enfin, Pape de sang. On n’attendait plus que toi pour ouvrir les hostilités, n’est-ce pas splendide, tout ça ?